Tour d’horizon : ces brasseries valentinois qui font vibrer la tradition
Brasserie La Valentinoise : cuves ouvertes et secrets de levures
Située à deux pas du Rhône, la Brasserie La Valentinoise est presque devenue un mythe local. Ici, on revendique le maintien de la fermentation haute en cuves ouvertes, un procédé rare, hautement exigeant, qui donne aux bières un caractère unique. Pour Michel, brasseur et maître des lieux, “l’important, c’est que les levures respirent. Une bière qui voit la lumière et sent l’air, ça vous donne des arômes que l’industriel ne pourra jamais copier !”
Véritable laboratoire à levures, la Valentinoise conserve d’ailleurs un souchier où l’on retrouve une dizaine de souches naturelles prélevées dans la région. Ces levures auto-sélectionnées, souvent issues de fermentations sauvages (purifiées, rassurez-vous !), confèrent personnalité et authenticité aux brassins.
Brasserie du Haut-Plateau : l’orge de la ferme à la bouteille
La force de la Brasserie du Haut-Plateau, installée à Peyrus, réside dans sa capacité à boucler la boucle locale. L’orge est cultivé sur le domaine familial, malterrifié à l’ancienne (air chaud, pas de touraillage industriel), et infusé dans des cuves en acier émaillé héritées des années 50.
- Infusion traditionnelle par paliers (pas d’automatisation totale)
- Pas de stabilisateurs chimiques ni d’enzymes industrielles
- Bière refermentée en bouteille, sans filtration stérile
- Production à moins de 1 000 hl/an (source : Brasserie Haut-Plateau)
Ici, chaque lot est unique, et la bouteille affiche l'année de récolte de l’orge, à la manière d’un petit millésime local.
Brasserie La Carburation : la chauffe au feu bois, ça existe encore ?
Laboratoire d’expérimentation et brasserie urbaine à Guilherand-Granges, la Carburation a fait le choix de chauffer son moût au feu de bois (oui, oui, comme au 19ᵉ siècle !). Si ce procédé requiert patience et doigté (et quelques brûlures du brasseur), il apporte des notes toastées et une complexité que les procédés modernes n’atteignent guère.
Pas d’automatisme ici, mais une brasserie presque théâtrale : les visiteurs assistent à l’embrasement des fours et au chant du cuivre, pour des brassins limités (autour de 350 litres par semaine).
La Brasserie Chevalier : la barrique… plus qu’un clin d’œil
Depuis 2017, la Brasserie Chevalier, nichée à quelques kilomètres de Valence, a remis à l’honneur l’élevage en barrique, tradition presque oubliée dans la région. À l’origine, le moût était entreposé dans d’anciennes barriques à vin. Aujourd’hui, certaines cuvées, en particulier les bières “saison” ou ambrées, passent de longs mois en fûts de chêne.
- Apport d’oxygène contrôlé pour l’évolution aromatique
- Assemblages issus de plusieurs millésimes, à la façon des grands vins
- Bouteilles numérotées, éditions ultra limitées
On ne s'y trompe pas : ici, on ne parle pas seulement d’une bière, mais d’un héritage re-patiné chaque année.