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Le goût du neuf : La scène brassicole valentinois bouscule les codes !

29/10/2025

Petite révolution mousseuse à Valence

Vous l’avez sans doute remarqué, Valence n’est plus seulement le carrefour des saveurs entre Rhône et Drôme : depuis une bonne dizaine d’années, la bière artisanale y secoue les habitudes avec un joli panache. Exit la bière banale à la pression et vive la révolution des styles ! Derrière chaque nouvelle mousse qui s’invite sur les tables valentinoises, il y a un brasseur ou une brasseuse qui ose casser les codes. Mais que mijotent donc ces alchimistes du houblon local, et surtout, quelles sont les innovations qui font frémir les demi-pintes dans les brasseries de la ville et ses alentours ?

Pour s’y retrouver, rien de tel qu’une plongée guidée dans les cuves du renouveau. Prêts à titiller vos papilles et votre curiosité ? Debrief sur les tendances, bestioles houblonnées bizarroïdes et savoir-faire maison en pleine ébullition.

Le renouveau des styles : Valence, laboratoire à ciel ouvert

Oubliez l’époque où bière artisanale rimait systématiquement avec IPA ultra-amère ou Blonde rustique. Les brasseries valentinois jouent désormais la carte de la diversité et s’emparent des tendances tout en remixant le patrimoine local. Quelques chiffres ? Selon l’Association des Brasseurs Indépendants de la Drôme, en 2023 on compte plus de 14 microbrasseries dans un rayon de 30 km autour de Valence (source : Drôme Tourisme). Un vivier idéal pour la créativité !

Voici les 5 styles qui incarnent le mieux le vent de fraîcheur local :

  • Bière “Saison” revisitée
  • IPA & NEIPA nouvelle étoffe
  • Bières acides et “sour” à la mode valentinois
  • Assemblage local et vieillissement barrique
  • Lagers et bières “modérées” grand retour

La Saison revisitée : grain local et herbes des collines

C’est une tendance discrète mais bien ancrée chez les brasseurs de Valence : la réinvention de la “Saison”, ce style belge traditionnellement rustique et rafraîchissant, mais ici adapté au terroir de la Drôme. Fini le classicisme: on la parfume d’herbes locales (thym citronné, romarin, sarriette…) ou de malts issus directement des céréaliers drômois.

L’emblématique Saison du Vercors de la brasserie Chez Fonzy, par exemple, fait la part belle à l’orge cultivée à moins de 40 km du centre-ville et infusée avec des baies de genévrier du plateau (source : Brasserie Chez Fonzy). Une approche qui permet non seulement de mettre en valeur les arômes du cru, mais aussi de diminuer l’empreinte carbone de la mousse.

À repérer aussi : la “Saison Safranée” de la Brasserie du Moulin des Moines, dont la couleur dorée provient d’un ajout de stigmates de safran cultivé dans la plaine de Valence – un clin d’œil au passé agricole de la région.

Des IPA à la sauce Drôme : moins d’amertume, plus de fun

L’IPA, on la pensait déjà omniprésente ? Oui… mais pas sous cette forme ! Les brasseurs valentinois, lassés des tonnes de houblon américain classiques, privilégient désormais des variétés plus aromatiques et légères (Mandarina Bavaria, Barbe Rouge, Mistral), et n’hésitent pas à hybrider les styles.

La microbrasserie Hop-a-Dou (Chabeuil) signe “L’Odyssée Houblonnée”, une NEIPA trouble, juteuse, fruitée, dopée aux houblons français, dont la puissance aromatique évoque l’abricot de la vallée du Rhône, sans écraser le palais d’amertume. D’ailleurs, selon le syndicat France Houblon, la production drômoise a quadruplé entre 2016 et 2023 pour répondre à cette demande locale d’IPAs “nouvelle ère” (source : France Houblon).

  • IPA New England (NEIPA) : souvent bien troubles, plus rondes, avec des houblons qui ouvrent des palettes fruitées d’agrumes, mangue ou pêche.
  • Session IPA : amertume contenue et alcool plus bas (4-4,5%), le style du “verre en terrasse” par excellence.
  • White IPA : l’alliance d’une blanche (Witbier) rafraîchissante et d’une IPA aromatique.

Résultat : on déguste, on explore, et… on s’y retrouve tout le long du demi !

Les “Sour” s’invitent à la fête : acidulé, local et osé

Oubliez les bières trop “costaudes” pour l’été : l’acidité, c’est la star de l’année chez les nouveaux brasseurs valentinois. Gose, Berliner Weisse, kettle sour… tout le panel des styles acides s’invite, adaptés au sauce locale bien sûr.

  • Berliner Weisse aux fruits rouges Drômois : les fraises de Beaumont, framboises ou myrtilles des coteaux sont utilisées en purée ou infusion à froid, apportant une acidité balancée avec des sucres naturels.
  • Gose à la fleur de sel de Camargue : pour un twist salin tout en douceur, parfait à l’apéro.
  • Sour au verjus ou à la rhubarbe d’Ardèche : de quoi réveiller les papilles des amateurs de sensations vives.

Loin d’être réservés aux “geeks”, ces styles séduisent les curieux et les néophytes, à tel point que certaines brasseries valentinois misent jusqu’à 35 % de leur production annuelle sur les bières acidulées (chiffre : Bulles Valentinoises, données collectées auprès de 4 brasseries locales en 2023).

Assemblages, élevages et barriques : le goût du temps long

Fait rare il y a cinq ans, plusieurs brasseries urbaines misent aujourd’hui sur l’assemblage, la fermentation mixte ou l’élevage en barrique. Si Bordeaux a le vin de garde… Valence a ses bières patientes !

  • Maturation en fût de vin local : quelques brasseurs comme La Petite Bulle (Valence-centre) et la brasserie du Tinel (Guilherand) travaillent main dans la main avec des vignerons du Saint-Joseph et Crozes-Hermitage pour vieillir leurs bières en ex-fûts de Syrah ou Marsanne, imprégnant la bière de tanins subtils et d’arômes boisés.
  • Assemblages multi-vintages : comme les blends de Gueuze belges, plusieurs cuvées de bières acides ou brunes vieillies sont associées pour aboutir à un profil complexe, unique d’année en année.
  • Fermentations “mixtes” : recours à des levures sauvages (Brettanomyces notamment) récoltées… sur des fruits des vergers environnants !

Ce type d’innovation demande du temps, de la patience, une sacrée expérience et beaucoup de prise de risque. Mais quand la magie opère, le résultat est souvent bluffant : complexité, longueur en bouche, et ce fameux petit “je ne sais quoi” qui distingue les grandes bières de toutes les autres.

Retour en grâce des lagers et bières à fermentation basse

On aurait tort d’associer la créativité brassicole à un déluge de saveurs exotiques ou à des bières toujours plus fortes. Une des tendances les plus réjouissantes, c’est le retour en force des lagers artisanales, menées à bien par un vrai savoir-faire.

À Valence et alentours, l’an passé, trois nouvelles brasseries sur cinq proposaient au moins une création à fermentation basse (source : Association Bières Rhône-Alpes). Exit la lager industrielle, place à des classiques maison :

  • Helles élégante, légère (4,5 %) mais pleine de malt, parfaite pour convertir les amateurs de bières blondes de supermarché à l’artisanat local.
  • Pilsner houblonnée à froid qui explose en bouche avec des notes fraîches de prairie et un final délicat.
  • Dark Lager inspirée des Schwarzbier allemandes, toastée, torréfiée, et infiniment glissante sur le palais.

Conséquence ? La bière de copain pour l’été, le barbecue ou les longues soirées d’hiver trouve une nouvelle jeunesse dans le mug des Valentinois, et attire un public curieux mais pas forcément “geek de la brasserie”.

Les bières sans alcool et “détox” : Valence suit la vague (à sa façon…)

Impossible de conclure sans parler d’un phénomène qui secoue toute la France : l’engouement croissant pour les bières sans alcool ou faiblement alcoolisées. D’après une enquête Nielsen de 2022, les ventes de bières sans alcool ont bondi de 20% en un an (France entière). À Valence, si l’offre était presque inexistante il y a encore deux ans, plusieurs microbrasseries se lancent à leur tour.

La Brasserie Nautile, fraîchement installée avenue Gambetta, a par exemple mis au point une Pale Ale à 0,7 % alcool “Côteau sans Vertige”, brassée à base d’orge et d’avoine locale, arômes vrais et bouche légère, sans tomber dans le piège “eau houblonnée”. D’autres misent sur la Tisane-Houblon (pas officiellement une bière, mais au goût si proche que le doute plane…).

Bref, le plaisir de boire une mousse en terrasse tout en restant frais, c’est désormais envisageable à Valence… et c’est tant mieux !

En route vers de nouvelles aventures brassicoles locales

Impossible de dresser un tableau complet sans évoquer l’impressionnante capacité d’adaptation de la scène brassicole valentinois, véritable laboratoire du goût à taille humaine. Ici, impossible de s’ennuyer : la créativité fait loi, et c’est toujours le palais des amateurs — débutants ou confirmés — qui en sort gagnant.

Qu’on soit fan de bières acidulées, d’IPAs foisonnantes, de blondes rustiques ou même de recettes sans alcool, les nouveaux brasseurs valentinois prouvent que la bière artisanale locale n’a rien à envier aux grandes capitales du houblon. La curiosité, l’amour du terroir et la volonté d’expérimenter forment les ingrédients secrets de ce renouveau.

Il ne vous reste plus qu’à pousser la porte d’une brasserie locale, à laisser votre palais s’égarer hors des sentiers battus et, qui sait, à trinquer à la prochaine création 100 % valentinois !

Pour aller plus loin : quelques brasseries à explorer

  • Brasserie Chez Fonzy : www.brasseriechezfonzy.fr
  • La Petite Bulle : www.lapetitebullevalence.fr
  • Brasserie Hop-a-Dou : www.hopadou.fr
  • Brasserie du Tinel : www.brasseriedutinel.fr
  • Brasserie du Moulin des Moines (FB)

Sources : Drôme Tourisme, France Houblon, Association Bières Rhône-Alpes, Syndicat National des Brasseurs Indépendants, Nielsen France, et entretiens collectés localement.

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