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Les jeunes pousses de la bière : la nouvelle vague des microbrasseries à Valence

26/10/2025

L’éclosion brassicole valentinoise : un phénomène bien réel

Depuis quelques années, un vent houblonné souffle sur Valence et sa région. Certes, les passionnés de la première heure reconnaîtront dans ce renouveau une filiation avec une histoire brassicole déjà bien ancrée dans la Drôme. Pourtant, difficile de passer à côté de la nouvelle génération – inventive, locale, 100% indépendante – qui investit les friches urbaines, les anciennes boutiques, parfois même les quartiers inattendus de la ville.

Selon les chiffres du Syndicat National des Brasseurs Indépendants (SNBI), la France comptait moins de 300 brasseries artisanales il y a 15 ans. Aujourd’hui, nous dépassons les 2600 établissements (données 2023), et la Drôme – Valence en tête – n’est pas en reste. Depuis début 2022, pas moins de cinq nouvelles microbrasseries ont ouvert leurs portes à Valence intra-muros ou dans un rayon de 10 kilomètres. Zoom sur ces histoires humaines et mousseuses qui méritent d’être racontées.

Panorama des microbrasseries récemment nées (2022-2024)

Chacune a son ADN, son local, ses bières signature et, souvent, une déco qui fait mouche. Voici un tour d’horizon des établissements qui font parler d’eux depuis peu :

  • Brasserie des Rives (ouverte en septembre 2022) : installée à deux pas du Rhône, cette microbrasserie de quartier propose des créations saisonnières, avec une gamme qui jongle entre IPA résineuses et saisons revisitées à la lavande de la Drôme.
  • La Bulle Urbaine (mars 2023) : nichée dans le quartier de la Plaine, La Bulle Urbaine fait la part belle à l’expérimentation, brassant sur place chaque semaine des recettes à base de fruits locaux ou d’épices exotiques.
  • Lupulus Nomade (février 2024) : cette brasserie "gypsy" (sans local fixe, mais brassant chez ses pairs) s’est ensuite installée durablement dans la ZAC Briffaut. On y déguste notamment des lagers de fermentation basse et des bières India Pale Ale style Nouvelle-Angleterre.
  • Les Fleurs de Malt (mai 2023) : située à Bourg-lès-Valence mais à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du centre historique, on y privilégie les grains bio et les collaborations avec des fermes voisines.
  • Hoops & Co (décembre 2022) : à la fois taproom, cave et lieu de vie, leur credo : « Une bière vivante, locale, toujours servie fraîche ». On y trouve souvent des micro-lots, jusqu’à 7 bières différentes au fut selon les semaines.

Dans cet article, focus sur trois d’entre elles dont la trajectoire illustre parfaitement l’esprit de la nouvelle scène brassicole valentinoise.

Brasserie des Rives : le terroir au service de l’innovation

Le choix du circuit court et de la biodiversité

Ouverte il y a moins de deux ans, la Brasserie des Rives est déjà citée parmi les établissements à surveiller selon le blog Bière et Moi. La raison ? Ici, tout est pensé pour valoriser l’environnement direct : les céréales proviennent à 85% du plateau de Valensolles, le houblon du Pilat. Cerise sur le gâteau (ou plutôt lavande sur la saison), chaque bière fait la part belle à une épice ou plante locale.

  • Gamme permanente : la « Rhône Pale Ale », houblonnée à cru avec du Strisselspalt du Dauphiné
  • Éphémères : une stout à la noix de Grenoble confiée en fût pendant 6 mois
  • Une bière blanche aromatisée au thym du Vercors, produite à seulement 1500 litres l’été dernier

Leur objectif affiché : brasser 120 hectolitres dès 2024, tout en réduisant radicalement l’empreinte carbone. À ce sujet, l’équipe a fait le choix des emballages “growler” consignés et des bouteilles réutilisables — une première à Valence !

Un impact local déjà notable

Brasserie des Rives fournit déjà plusieurs restaurants valentinois militants (dont la Table de Menneton) et s’est associée à plusieurs évènements : Marché des producteurs, fête de la bière artisanale, animations pédagogiques autour du brassage maison, etc. Ce dynamisme contribue à populariser la bière comme produit du terroir, au même titre que le vin ou la pogne locale.

La Bulle Urbaine : laboratoire de créativité et micro-lots passionnés

Du brassin maison à la microbrasserie de quartier

À la base, la Bulle Urbaine devait être un collectif de brasseurs amateurs. Finalement, le projet a évolué en microbrasserie urbaine... mais sans jamais perdre ce goût pour l’expérimentation. Leur atout ? Un système de brassage en lots hyper réduits (de 250 à 500 litres maximum) permettant de lancer sans cesse de nouvelles recettes. En moins d’un an, ils ont sorti 18 bières différentes : hibiscus, piment d’Espelette, écorces d’agrumes de la Drôme, autant d’ingrédients inattendus.

Une communauté soudée

Ici, le public n’est pas qu’un client. Il est souvent mis à contribution, invité à voter pour la prochaine nouveauté, à brasser "en duo" ou lors des ateliers d’initiation très courus. Près de 250 personnes se sont déjà inscrites à ces ateliers (chiffre 2024, source interne).

  • Deux soirées Beer Pairing organisées chaque trimestre avec des restaurateurs bio
  • Lancement d’une série « bières solidaires » reversant une partie des ventes à des associations locales
  • Animations pour la fête de la musique (brassin “concert” à partir de houblons cultivés dans le jardin partagé)

Des chiffres encourageants pour la santé brassicole locale

Signe que la demande est là : lors de l’ouverture, la Bulle Urbaine comptait sur 18 000 litres brassés la première année. Pari gagné, car fin 2023, ils ont dépassé les 24 000 ! Près de la moitié des ventes se fait en direct à la brasserie (“dégustations-tartinades”, mini-fêtes), l’autre moitié en cave et en épicerie fine.

Lupulus Nomade : esprit gypsy devenu sédentaire

De brasserie itinérante à repaire permanent

Au départ, Lupulus Nomade brassait dans les installations de la Brasserie Pic Pendu à Etoile-sur-Rhône avant de trouver, début 2024, pignon sur rue dans la ZAC Briffaut. Cette philosophie "gypsy" permettait d’évoluer vite, d’oser tester des styles parfois rares (Berliner Weisse, White Stout, Rye IPA), et de se faire connaître sans investissement colossal au départ.

Aujourd'hui, Lupulus Nomade propose non seulement ses bières en local mais ouvre régulièrement ses espaces à d’autres jeunes brasseurs en résidence. Véritable incubateur de talents, la brasserie offre aussi des cuvées éphémères issues de collaborations : leur “Brut IPL” cousue main avec la Brasserie de la Plaine (Marseille) a même remporté le prix d’innovation au concours France Bière Challenge 2024 (source : France Bière Challenge).

  • Capacité annuelle actuelle : 180 hectolitres
  • Export local : 75% des ventes sur l’agglo valentinoise
  • 40% de la gamme en canettes, 60% en fûts pour les bars du centre-ville

Pourquoi Valence attire-t-elle les microbrasseries ?

La dynamique n’est pas un hasard. Plusieurs facteurs favorisent l’essor des petites brasseries dans l’agglomération :

  • Un tissu associatif et commerçant solidaire : Beaucoup d’événements “food” sont des vitrines de choix (Journées du goût, marché « Pulsations Locales », Fête des collines).
  • Un public curieux et exigeant : Selon un sondage mené par La Tribune de Montélimar début 2024, 62% des Valentois se disent prêts à essayer une bière inédite chaque mois… à condition qu’elle soit conçue localement.
  • Un accès facilité à des matières premières de qualité : Entre les céréales cultivées dans la basse vallée du Rhône, les petits houblonniers du Vercors et une filière bio en pleine expansion, l’approvisionnement “proximi-bio” n’a jamais été aussi simple.

La scène microbrassicole valentinoise à l’horizon 2025

Le paysage des microbrasseries à Valence n’est pas près de s’essouffler. D’après la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Drôme, trois nouveaux projets sont en gestation à l’heure où ces lignes sont publiées, notamment une microbrasserie coopérative sur le campus universitaire. De plus, certains établissements envisagent des extensions vers la restauration ("brewpubs") ou la production de boissons fermentées alternatives (cidres locaux, kombucha, etc.).

  • La « Table des Bulles », un restaurant expérimental autour de l’accord bière et mets, devrait ouvrir courant 2025 dans le secteur Victor Hugo.
  • Des partenariats avec des filières agricoles permettent aux brasseurs d’innover avec du sarrasin ou de l’épeautre locaux.
  • Lors du dernier salon Bière sur Rhône, plus de 1000 visiteurs en un week-end, soit +30% par rapport à 2022 (source : La Tribune de la Drôme).

L’avenir s’annonce pétillant

Les récentes microbrasseries de Valence insufflent un vent neuf, dynamique, parfaitement ancré dans les tendances actuelles : quête de sens, circuits courts, engagement environnemental, saveurs inédites. Elles participent activement à faire de la bière artisanale un produit du quotidien, accessible, festif et porteur de lien social aussi bien sur les berges du Rhône qu’au pied des collines ardéchoises.

À suivre, donc, lors de vos prochaines promenades ou soirées entre amis : pousser la porte d’une (nouvelle) microbrasserie, c’est toujours l’assurance de belles découvertes... Et de rappeler que, décidément, la bière n’est jamais aussi bonne que quand elle raconte une belle histoire locale !

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