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Quand la Drôme infuse ses saveurs dans la bière : immersion chez les brasseurs valentinois

10/11/2025

Une effervescence brassicole portée par le terroir valentinois

Derrière la mousse dorée de nos verres, il y a bien plus que de simples levures ou de subtiles notes houblonnées : il y a une histoire de territoire, d’audace et de rencontres. À Valence, depuis une dizaine d’années, la scène brassicole ne cesse de s’animer. Portée par la génération de microbrasseries nées dans la région, cette dynamique puise son énergie – et ses arômes ! – dans les ingrédients locaux. Plus qu’une mode, une véritable démarche responsable, gourmande et innovante qui place la Drôme et ses produits au cœur du verre.

Mais alors, qu’est-ce qui inspire vraiment ces nouveaux acteurs du brassage à Valence ? Quels ingrédients, parfois inattendus, font vibrer leurs cuves et leurs palais ? Suivez-moi pour une immersion parmi les matières premières qui font pétiller la créativité de nos artisans.

Le malt drômois : le retour en grâce des céréales locales

Saviez-vous qu’à moins de 30 kilomètres de Valence, dans la plaine de la Drôme, on cultive un orge de très belle qualité ? Si, longtemps, la production locale de céréales était destinée aux coopératives ou à l’alimentation animale, un vent nouveau souffle : plusieurs brasseurs et agriculteurs travaillent main dans la main pour redonner une place à l’orge brassicole, voire au blé ou au seigle locaux.

  • Orge malté de la Drôme : On note la création du collectif "Graines de Houblon", regroupant des agriculteurs et brasseurs qui expérimentent les semences d’orge brassicole sur une vingtaine d’hectares (source : Le Dauphiné Libéré, octobre 2022).
  • Des filières courtes : La Brasserie du Haut-Diois, par exemple, a initié un partenariat durable avec la ferme de la Grange à Grâne, permettant d’obtenir un malt drômois, malté à façon à la malterie artisanale Malt’in Pott (Isère, à 50 km à peine de Valence).
  • Innovation céréalière : Certains brasseurs osent intégrer du petit épeautre ou du seigle, céréales typiques du sud-est, pour apporter souplesse, complexité et touche rustique à leurs bières.

Résultat ? Des bières empreintes d’identité locale, moins carbonées, parfois plus troubles, mais qui racontent une histoire de champs, de terroir, de climat et d’échange.

Houblon made in Drôme : la petite révolution verte

Longtemps importé de l’étranger, le houblon, pierre angulaire de la bière (pour l’amertume, l’aromatique, la conservation), est lui aussi en train de retrouver racine en Drôme. Si la filière française ne couvre encore que 10% des besoins nationaux (source : FranceAgriMer, chiffres 2023), la région Rhône-Alpes compte parmi les régions pionnières pour le houblon artisanal.

  • Hopval : les pionniers valentinois : L’association Hopval développe, depuis 2018, une houblonnière à Bourg-lès-Valence. On y cultive Cascade, Chinook, Comet et d’autres variétés adaptées au climat local, avec une récolte artisanale qui bénéficie directement aux brasseurs du coin.
  • « Houblons drômois » : Maraîchers et agriculteurs adaptent leurs cultures pour répondre à la demande croissante des brasseries : en 2023, le département de la Drôme comptait près de 11 hectares de cultures de houblon (source : INRAE, 2023), un record pour la région.
  • Une empreinte gustative : Le houblon local n’a pas le punch « tropical » des houblons américains, mais il offre des notes herbacées, florales, parfois épicées, très appréciées dans des recettes de Pale Ale, Saison ou même Lager.

Petite anecdote : certains brasseurs n’hésitent pas à organiser des « wet hopped beers » (bières de récolte au houblon frais), pour sublimer la fraîcheur et l’intensité des arômes de la Drôme. À goûter absolument lors des brassins d’automne !

Fruits de la région : une aventure sensorielle qui titille l’imagination

Impossible d’évoquer la Drôme sans un clin d’œil à ses vergers et ses marchés colorés ! Pêches, abricots, cerises, figues, mais aussi baies sauvages et noix : le spectre est large, et l’imagination des brasseurs, sans limites.

  • L’abricot de la vallée du Rhône : Star locale, il inspire des bières saisonnières rafraîchissantes et acidulées, comme dans l’originale « Bière à l’Abricot » de la Brasserie La Valentinoise (production estivale 2022, source : brasserie-lavalentinoise.fr).
  • Baies sauvages et mûres : La microbrasserie Les Bulles d’Alex (Montélier) a expérimenté un brassin éphémère avec une infusion de mûres sauvages locales, récoltées à la main (source : Facebook Les Bulles d’Alex, juillet 2021).
  • Noix et noisettes de la Drôme : Par touches en infusion ou en brassage, elles apportent rondeur, douceur et subtilité à des stouts et porters.

Utiliser du fruit demande de l’exigence : il faut maîtriser l’équilibre, sélectionner la variété, choisir la maturité idéale, anticiper la fermentation spontanée... mais le résultat ? Déroutant, joyeux et 100% régional.

Miel, plantes et épices : la Drôme sauvage dans le verre

Au-delà de la céréale et du houblon, Valence et sa région regorgent d’ingrédients « signature », puisés dans l’apiculture et la cueillette sauvage.

  1. Le miel de lavande : Production emblématique du Vercors et des Baronnies, ce nectar donne naissance à des bières douces et florales, parfaites en bière de dégustation.
  2. La verveine, le sureau, le thym : De plus en plus présents dans les recettes, ces aromates peuvent même supplanter le houblon, comme dans les « gruit beers » d’inspiration médiévale. La Brasserie du Haut-Diois propose ainsi une bière infusée à la verveine locale.
  3. Piments doux et safran : Rares mais remarqués, ces ingrédients sont utilisés dans des bières expérimentales, souvent en micro-série, pour surprendre lors des festivals, comme celui de Crest (été 2023).

Le pari ? Raconter une histoire à chaque gorgée, redécouvrir le plaisir simple d’une bière tissée de rencontres entre brasseurs, paysans, apiculteurs et cueilleurs du coin.

Sourcer local : choix de passion ou nécessité écologique ?

On le sait : produire local, c’est éthique, malin, et humain. Mais au-delà du discours, quelles raisons motivent vraiment les brasseurs valentinois ?

Motivation Effet concret
Réduire l’empreinte carbone Moins de transport, optimisation de la chaîne logistique (source : ADEME, 2022)
Affirmer son identité Créer un produit qui a du sens dans la région, qui valorise la diversité agricole locale
Encourager l’économie circulaire Coopérations directes avec agriculteurs : contrat d’achat, échanges de drêches (résidus de brassage recyclés comme aliment pour bétail)
Répondre à la demande des consommateurs 80% des amateurs de bières artisanales souhaitent un lien fort avec le territoire (sondage IFOP pour France Bière Challenge, mars 2023)

Des collaborations inédites et des bières « pas comme les autres »

L’un des phénomènes marquants du brassage valentinois reste la multiplication des collaborations entre brasseurs et artisans d’autres filières alimentaires locales.

  • Boulanger-brasseur : Utilisation de pains invendus pour créer des bières « anti-gaspi », comme le projet commun de la Brasserie du Petit Bouchon et de la Boulangerie du Parc à Valence.
  • Partenariats avec des vignerons : Vieillissement de certaines bières en fût de chênes usagés provenant de domaines viticoles de la vallée du Rhône, pour des recettes à l’acidité maîtrisée et aux arômes vineux subtils.
  • Fermiers et cueilleurs : Intégration de fruits ou d’herbes issus de l’agriculture biologique, cueillette sauvage ou permaculture (association Nature & Progrès Drôme).

Le résultat ? Des éditions limitées, un foisonnement d’idées, et surtout cette sensation qu’à Valence, la bière se déguste autant en bouche qu’en histoire.

Les ingrédients du futur : quelles tendances dans les cuves valentinoises ?

Quelles pistes pour demain ? Si la créativité des brasseurs paraît sans limite, quelques ingrédients commencent à poindre dans les cahiers de recettes :

  • Légumineuses locales : Pois chiche ou lentilles du Dauphiné pour des bières sans gluten ou à la texture atypique (expérimentation menée par la Brasserie du Haut-Diois, 2023).
  • Sarrasin : Cette pseudo-céréale revient en force, offrant des notes originales et rustiques, et s’adaptant bien au terroir drômois.
  • Plantes endémiques et champignons : Quelques tests confidentiels voient le jour autour de l’utilisation de cèpes, morilles ou plantes aromatiques rares pour des bières « forestières », à surveiller dans les prochaines années.

Le fil rouge ? Oser, surprendre, et surtout défendre une vision de la bière comme miroir du paysage drômois.

L’inspiration locale, moteur de créativité et d’échanges

On l’a compris : à Valence, le verre de bière est bien plus qu’un assemblage classique d’eau et de malt. Il devient prétexte à explorer un patrimoine vivant, à redonner du sens à chaque ingrédient, à tisser des liens entre producteurs et consommateurs.

À ceux qui doutaient du potentiel brassicole de la région, les brasseurs valentinois répondent par la diversité, l’inventivité et cette volonté de faire pétiller le terroir autrement. Et quand la Drôme inspire, ce n’est jamais tiède !

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