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Plongée houblonnée dans l’histoire : Les brasseries artisanales cultes de Valence et de la Drôme

08/09/2025

Aux origines : Valence, la bière et le Rhône, une histoire presque oubliée

La bière dans la Drôme, ce n’est pas qu’une affaire récente ! Si le vin a longtemps éclipsé les bulles, on trouve la trace d’ateliers brassicoles dès le XIX siècle à Valence. En 1861, la « Brasserie Valentin », fondée par François Valentin (source : Archives municipales de Valence), voit le jour. Elle distribue sa production jusqu’à Grenoble et Avignon, profitant du fleuve pour acheminer bières blondes et brunes. Preuve que le malt avait déjà ses aficionados au pied du Vercors !

Quelques chiffres pour situer le contexte :

  • En 1900, pas moins de 8 brasseries sont officiellement recensées entre Valence et Romans-sur-Isère (source : Bulletin de la Société d’Archéologie de la Drôme, 1983).
  • Plusieurs lignées de bouilleurs de cru, aubergistes et brasseurs familiaux se succèdent jusqu’aux années 1950, avant que la pression industrielle (et la mode des bières blondes du nord) ne mette un sérieux coup d’arrêt à ces dynasties locales.

La renaissance des brasseries artisanales

Le XXI siècle, c’est le grand retour de la petite bière artisanale dans le bassin valentinois ! Portées par des passionnés, souvent autodidactes, les microbrasseries refleurissent depuis les années 1990, surfant sur la vague du goût, du local et du bio. Certains, héritiers plus ou moins directs des premiers pionniers, s’emploient à remettre la tradition à l’honneur.

Quatre institutions brassicoles à (re)découvrir

  • Brasserie La Valentinoise
    • Date de création : 1997
    • Ville : Valence
    • Pourquoi historique ? Pionnière de la renaissance locale, la Valentinoise est née de la passion de deux amis d’enfance, Caroline et Julien, soucieux de ressusciter le goût de la bière nature. Première microbrasserie créée à Valence depuis la fin des années 1950, elle s’est fait connaître grâce à sa blanche au citron-verveine et sa blonde à l’ancienne — clin d’œil aux bières faiblement alcoolisées d’autrefois (source : Dauphiné Libéré, 2008).
    • Anecdote : Au tout début, les brassins étaient embouteillés à la main dans une vieille cave de la rue Pasteur, dans des bouteilles de récupération consignées par les copains du quartier.
  • Brasserie de la Pleine Lune
    • Date de création : 2011
    • Ville : Chabeuil (10 km de Valence)
    • Pourquoi historique ? Première brasserie 100% bio et engagée de la Drôme, la Pleine Lune a essaimé ses recettes jusqu’à Avignon, Lyon, et Paris. Elle valorise les houblons français, locaux quand c’est possible, et des céréales très minoritaires comme l’épeautre ou l’orge drômois (source : France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, 2022).
    • Anecdote : Leur IPA « Superlipopette » doit son nom à… une réplique de Gaston Lagaffe, référence chérie du brasseur fondateur.
  • Brasserie La Choulette (La Voulte-sur-Rhône)
    • Date de création : Avant 1985, reformulée artisanalement en 2002
    • Ville : La Voulte-sur-Rhône (15 km de Valence, Ardèche)
    • Pourquoi historique ? Installée depuis les années 80 dans un ancien relais routier, elle perpétue un style ancestral de bière au froment, inspiré par les recettes de l’ancien Comté de Valentinois. Son brasseur, Bernard Rebière, a tout relancé dans les années 2000 avec du matériel artisanal et un sens infaillible du terroir (source : Le Progrès, 2015).
    • Anecdote : La première année, la brasserie produisait moins de 400 litres… vendus quasi exclusivement dans deux bistrots du vieux centre, qui existent encore aujourd’hui.
  • Brasserie Vercors (ex-Brasserie du Vercors, puis Brasserie Dauphine)
    • Date de création : 1998
    • Ville : Saint-Marcellin (Isère, à 35 km, mais historiquement liée aux foires de Valence)
    • Pourquoi historique ? Née autour de l’idée de « remettre des saveurs de montagne dans la pinte », la brasserie a été longtemps la seule à travailler avec des herbes du massif (mélisse, serpolet, génépi), comme autrefois certains bouilleurs de cru valentinois (source : France Bleu Drôme, 2019).
    • Anecdote : Son fondateur, un ancien guide de randonnée, racontait à qui voulait l’entendre que « la bonne mousse, c’est comme un chemin qui grimpe : ça commence doux, et puis ça surprend au détour, mais quand on arrive, on est content de l’avoir fait ! »

Cartographie (presque) secrète : autres brasseries à l’âme patrimoniale

La Drôme et l’Ardèche fourmillent de microbrasseries qui, sans toujours afficher 30 ans d’âge, cultivent une mémoire collective. Voici quelques noms qui contribuent, chacun à leur façon, à perpétuer la tradition brassicole locale :

  • La Brasserie du Sud (Portes-lès-Valence) : maintient vivace la tradition des « Bière de Printemps » brassées pour les fêtes locales.
  • Le Singe Savant (Valence) : bien qu’ouverte en 2017, s’inspire des anciennes tavernes à jeux de Valence, avec une déco façon cabinet de curiosités où l’on peut déguster des bières maison monnaies locales à la main.
  • Brasserie du Pavé (Romans-sur-Isère) : propose chaque année une « recette du marché », ressuscitant ou modernisant une bière oubliée de la Drôme ou du Dauphiné. Un retour aux sources documenté et assumé !

Anecdotes et petites histoires des brasseurs d’ici

  • Le maltage artisanal (ou comment la Drôme brassait à l’ancienne) : jusque dans les années 1950, la plupart des brasseries de Valence utilisaient une variété de blé ancien, la Roussette de la Drôme, pour remplacer le malt classique importé du nord — faute de logistique ! Cette céréale, aujourd’hui peu cultivée, donne une bière légèrement plus dorée et épicée qu’ailleurs (source : Musée de Valence, section ethnographie rurale).
  • Des caves de la Résistance… aux caves à bières : plusieurs sous-sols de Valence, ayant autrefois abrité des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été reconvertis en stockages de bouteilles ou à fermentation mixte par des brasseries au XXI siècle. L’histoire se transmet aussi dans les lieux !
  • Labels et médailles : les brasseries historiques n’hésitent plus à envoyer leurs bières concourir au niveau national : la Pleine Lune décroche deux médailles d’or au Concours Général Agricole de Paris (édition 2017 et 2022), et la Valentinoise s’est vue récompensée au Salon de la Bière indépendante de Lyon en 2014.

La typicité des bières valentinois : un patrimoine vivant

En plus de leur histoire, les brasseries artisanales historiques imposent une vraie signature :

  • Les blanches (witbier) revisitées avec des écoces d’agrumes de la vallée du Rhône.
  • Les « saisons », bières de ferme typiquement brassées au fil des saisons, à l’ancienne, parfois avec du seigle ou de la châtaigne.
  • Une forte mise en avant des arômes bio et locaux : basilic, verveine, tilleul, ou génépi.
  • Une tendance récente mais dynamique à « re-fermenter sur marc » : la collaboration avec des vignerons voisins inspire des créations hybrides, typiques de la Drôme où la frontière entre vin et bière est parfois joyeusement brouillée…

L’avenir : la transmission plus vivante que jamais

On le voit, la bière est revenue au centre de la fête, du partage et du goût à Valence et dans la Drôme. Certaines brasseries historiques organisent désormais :

  • Des ateliers de brassage participatifs ouverts à tous
  • Des balades commentées des anciens lieux brassicoles (Brasserie Valentinoise, Le Singe Savant…)
  • Des collaborations avec épiceries, vignerons et fromagers de la région

Sans oublier la multiplication des événements comme le festival « Bière en Drôme Ardèche » ou les marchés gourmands qui permettent à des générations de rechargeurs de demis et autres découvreurs de bières de goûter, comparer, apprendre, et, surtout, rigoler. Parce qu’au fond, la bière dans la Drôme, c’est une affaire de partage, de transmission… et de convivialité, toujours.

Pour poursuivre cette balade dans l’histoire brassicole de Valence et de ses environs, rien ne vaut la rencontre directe : poussez la porte d’une brasserie, discutez avec les brasseurs, demandez l’histoire cachée derrière la mousse… Une façon bien locale d’honorer ce patrimoine vivant, une dégustation après l’autre !

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