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Aventure mousseuse dans la Drôme : comment les microbrasseries ont conquis Valence

06/08/2025

Une histoire de bulles : petit retour sur la bière à Valence

Niché entre Rhône et Vercors, Valence a longtemps été plus connu pour ses ravioles que pour sa bière. Et pourtant ! L’histoire de la bière à Valence, si elle semble s’être écrite doucement, commence à prendre une belle tournure ces trente dernières années. La Drôme, avec Valence en épicentre, fait partie de ces territoires où la vague des microbrasseries n’a cessé de gonfler depuis les années 1990. L’objectif ici : dévoiler les dessous de cette aventure malterie et houblonnée, et décortiquer comment ces petites brasseries ont coloré le paysage local de flacons originaux.

Quand la microbrasserie a débarqué en France… et dans la Drôme

Avant de zoomer sur Valence, quelques repères hexagonaux. La France a un patrimoine brassicole longtemps dominé par le Nord, la Lorraine et l’Alsace. Mais dans les années 1980-1990, un vent de renouveau arrive tout droit de Grande-Bretagne et des États-Unis (et de leurs fameux pubs indépendants). En 1985, la France ne comptait que 34 brasseries selon les chiffres du Musée Français de la Brasserie. En 2023, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants recense plus de 2500 brasseries, dont une majorité de microbrasseries !

La Drôme s’est réveillée au même rythme. Vers la fin des années 1990, on dénombrait à peine une ou deux brasseries artisanales sur le département. Aujourd’hui, on en trouve une bonne vingtaine, dont plusieurs à Valence-même et dans l’agglomération. Un chiffre en croissance constante (Source : Bière-Artisanale.fr - Brasseries en Rhône-Alpes).

Des graines locales : les pionniers valentinois

La première décennie 2000 a vu poindre à Valence quelques initiatives qui sentaient bon le malt frais et la prise de risque. Les brasseurs pionniers s’appelaient La Brasserie de la Pleine Lune (Montmeyran, 2009 : à un jet de mousse de Valence), La Brasserie du Val d’Ainan (dans le secteur, à moins d’une heure), et la fameuse Brasserie Artemus, installée depuis 2017 dans le quartier des Allées Provençales.

  • La Pleine Lune : premières bières bio, ancrage écologiste et bel exemple d’une brasserie à taille humaine devenue référence locale.
  • Artemus : concepts créatifs, collaboration avec restaurants, événements culturels.

La microbrasserie, à Valence, c’est donc d’abord l’histoire d’artisans audacieux – souvent autodidactes, et pas mal musiciens ou anciens professionnels en reconversion – misant sur le circuit court (et parfois la livraison à vélo !) bien avant que cela ne devienne un argument marketing universel.

Un boom depuis les années 2010 : explosion créative et ancrage local

La décennie 2010-2020 marque le grand bond en avant. L’engouement autour de la consommation locale, l’envie de nouveautés, la recherche d’authenticité… et, il faut le dire, le ras-le-bol de la « bibine industrielle », tout cela a nourri une petite révolution dans les demi-valentinois.

  • Entre 2006 et 2022, la région Auvergne-Rhône-Alpes est passée de 20 à plus de 270 brasseries selon Brasseurs de France (Source).
  • Valence et son agglomération ont vu s’installer (ou exploser) : la Brasserie du Haut Buëch, la Brasserie Les Moussequins, la Brasserie Cursil et plusieurs microstructures événementielles, souvent lancées par des passionnés autour de la bière vivante et de la saisonnalité.

À noter : beaucoup de ces brasseurs valentinois optent pour un processus fait-main, utilisent l’eau locale (issue du Vercors ou d’installations de Valence Romans Agglo), et, de plus en plus, des houblons français et parfois même drômois (à l’image des tentatives de hop farming du côté d’Allex ou Chabeuil).

Pourquoi la bulle n’a pas éclaté ? Les clés du succès valentinois

Une brasserie par quartier, une bière sur mesure

Ce qui fait la force des microbrasseries à Valence, c’est leur ancrage quartier par quartier, événement par événement. Il y a fort à parier que si vous habitez ici, vous avez une bière « du coin » à portée de bouchon. Le secret ?

  • Proximité : Les brasseurs prennent le temps de dialoguer avec les clients sur les marchés et événements (Beer & Food Festival, Marché de Noël artisanal, Foire aux vins et bières rue Bouffier…)
  • Créativité : Stouts à la châtaigne du Diois, IPA dry-hoppée aux aromatiques du jardin, collaborations ponctuelles avec des maîtres-chocolatiers valentinois
  • Événements : Tournées de brasseries, ateliers dégustation, brassins publics lors de la Fête de la Bière de Valence qui a rassemblé plus de 3 000 personnes en 2023 (Source : Le Dauphiné Libéré)

Une population jeune, curieuse et attachée au local

Étonnamment, plus d’un tiers des consommateurs réguliers de bière artisanale à Valence ont entre 25 et 40 ans — selon une enquête de France Bière Challenge 2022. Difficile ici de faire son trou sans proposer quelque chose d’original ou sans raconter l’histoire du quartier, du produit et du « pourquoi ce brassin ce mois-ci ».

Les visages marquants : ceux qui font mousser Valence

Petite galerie de portraits (non exhaustive) pour mieux comprendre qui se cache derrière une mousse locale :

  • Jérôme et Séverine (Brasserie d’Olt) : Ils prônent la « bière nature », brassée avec des fleurs, des fruits de la Drôme, et même de la lavande locale !
  • Vincent (Brasserie Montmirail) : Ancien prof de sciences devenu brasseur, il propose régulièrement des initiations à la zythologie dans les médiathèques de Valence.
  • L’équipe de La FabriK à Bières : Première brasserie collaborative de l’agglo, qui accompagne aussi les amateurs à brasser sur place via des ateliers découverte.

Ajoutez-y quelques associations comme Valence Bière Club (créée en 2017) qui forment au brassage amateur et organisent le Trophée des Brasseurs Amateurs Drômois.

Microbrasseries et patrimoine culinaire valentinois : des alliances mousseuses

Ce n’est pas un hasard si les microbrasseries valentinoises aiment travailler main dans la main avec les restaurateurs et producteurs locaux. Quelques exemples souvent distingués lors de festivals et concours :

  • Ravioles + Bière blanche citron-gingembre
  • Pogne de Romans + Stout au cacao du Vercors
  • Picodon affiné + IPA aux herbes du plateau

Ces accords sont désormais proposés lors de circuits de découverte, de marchés de producteurs et de soirées dégustation. C’est aussi l’une des raisons du succès local — la bière devient une porte d’entrée ludique à la (re)découverte du terroir drômois.

Quelques chiffres clés : panorama 2024

AnnéeNombre de microbrasseries dans la DrômeDont Valence Agglo
200020
201071
2018174
2023237

(Source : Fédération des Brasseurs Indépendants / Brasserie Auvergne-Rhône-Alpes)

À noter : À Valence, l’essentiel de la production reste dans un rayon de 20 à 30 km, et environ 70 % des bières artisanales produites sont vendues en circuit ultra-court (marchés, restaurants, magasins indépendants). Les volumes restent modestes (de 500 à 3 000 hectolitres / an selon les structures) mais l’offre ne cesse de s’élargir : wild ales, bières vieillies en barrique, fermentations spontanées, brassins éphémères...

L’avenir sous pression : nouveaux défis et tendances brassicoles

L’univers des microbrasseries ne cesse d’évoluer. À Valence, trois grandes tendances pointent :

  1. Durabilité : récupération des drêches pour l’agriculture locale, réduction de l’empreinte carbone, packaging consigné ou recyclable…
  2. Mixité & inclusion : émergence de brasseuses, de collectifs mixtes et de réseaux visant à démocratiser la bière artisanale (ex. : formations initiées par l’association « Les Jolies Mousses » à Valence pour diversifier les profils).
  3. Expérimentation : houblons rares français, levures sauvages du Vercors, bières inclassables qui côtoient les styles plus traditionnels comme la Saison ou la Sour IPA.

Si la patience est de mise pour savoir quelle nouvelle adresse garnira la prochaine carte des bières à Valence, une chose est sûre : la microbrasserie a trouvé ici des racines solides, une communauté curieuse et gourmande, et des poussées de créativité qui font pétiller la Drôme entière. À suivre, donc, pour les amateurs de découvertes mousseuses comme pour les explorateurs de terroir.

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