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Valence, terre d’audace brassicole : zoom sur les brasseries qui font pétiller l’originalité

20/12/2025

Le boom discret, mais tonitruant, de la bière artisanale à Valence

Pour bien comprendre ce qui se joue sous les mousses drômoises, une petite mise en contexte s’impose. En Drôme, il y a vingt ans, trois brasseries affichaient le brassin artisanal au compteur. En 2024, la Chambre de Commerce en recense près de 22 uniquement sur la grande agglomération valentinoise (source : Chambre de Commerce et d’Industrie de la Drôme). La plupart sont de véritables ateliers-laboratoires où la créativité prend la place d’honneur.

  • Microbrasseries urbaines, ancrées dans l’animation valentinoise
  • Brasseries rurales, puisant dans le patrimoine agricole (orge, blé, tilleul, miel...)
  • Collectifs d’amateurs, dont certains franchissent le pas du professionnel

Ce paysage riche favorise l’émergence de recettes parfois inattendues, tantôt enracinées, tantôt voyageuses, qui ont largement de quoi surprendre les palais en manque de nouveauté.

Les brasseries qui osent : panorama (non-exhaustif) de l’audace valentinoise

Certaines maisons ont choisi d’asseoir leur notoriété sur l’originalité, et elles ne manquent pas de panache. Voici quelques repères pour savoir où il fait bon aller bousculer ses habitudes gustatives.

Brasserie l’Appel de la Forêt : sauvageons et bières pas banales

Installée Sur les hauteurs du plateau du Vercors, à deux pas de Valence, l’Appel de la Forêt puise dans la flore locale de quoi bousculer sérieusement les classiques. Sa gamme “Sylva” (mot latin désignant la forêt) propose chaque année des brassins éphémères à base :

  • d’infusions de bourgeons de sapin
  • de thym sauvage ou de tilleul drômois
  • de baies de genièvre glanées en sous-bois

La “Bourgeon IPA”, par exemple, tire profit des pousses de sapin ramassées à la main pour un résultat subtilement résineux et rafraîchissant. Sortie limitée, mais mémoire gustative garantie ! Cette démarche locavore est à souligner : près de 95% des ingrédients utilisés sont d’origine régionale, selon la brasserie (source : communiqué interne 2023).

La Valentinoise (Brasserie La Fabrique) : l'audace de la bière fromagère

On ne quitte jamais vraiment la gastronomie dans la vallée du Rhône. Mais la brasserie La Fabrique (avenue de Romans, Valence centre) est allée plus loin que les accords mets/bières classiques : sa “Valentinoise Braisée” à la croûte de Picodon AOP est la seule bière de la région à intégrer un ingrédient AOP local dans le brassage. Il ne s’agit pas d’une bière « goût fromage » comme le laissent craindre certains regards suspicieux, mais d’une subtile milk-stout où la texture lactée et la pointe d’acidité du Picodon arrondissent la bouche.

Le fondateur revendique une volonté d’établir “une passerelle entre deux patrimoines locaux, sans jamais tomber dans le gadget”. Le Picodon n’est ajouté qu’en fin d’infusion, pour conserver l’élégance du profil aromatique. Un pari réussi, si l’on en croit le prix Innovation Gourmande décerné par la CCI Drôme en 2022 (source : CCI Drôme).

Brasserie La Bière des Remparts : adaptations et surprises fruitées

En zone sud de Valence, la brasserie Les Remparts joue sur le créneau des bières saisonnières, en intégrant chaque année des fruits de la Drôme ou du Diois dans ses cuvées éphémères. Cerise, abricot rouge du Roussillon, pêche de vigne… rien ne semble arrêter l’équipe, qui privilégie le circuit court et les partenariats avec les producteurs bio.

  • La “Pêche Melba Pale Ale” : alliance osée entre les notes biscuitées du malt et la fraîcheur acidulée de la pêche.
  • La “Rouge Griotte”, une sour ale légèrement acidulée, adore le vivier de fruits rouges de la saison estivale.

À noter : chaque brassin est produit en série limitée, entre 200 et 300 litres, pour garantir une fraîcheur optimale et une rotation permanente. Ce dynamisme plaît : en 2023, plus du tiers du chiffre d’affaires provenait des ventes directes lors d’événements éphémères (source : Le Dauphiné Libéré, juillet 2023).

Microbrasserie Hop&Co : la science infuse, la créativité aussi

Petite par la taille, imposante par la technicité ! Chez Hop&Co, on cultive un amour du houblon, mais sans tomber dans la monoculture du style IPA. Depuis 2021, ils développent la gamme “Lab Series”, où des ingrédients inattendus sont testés à chaque brassin :

  • menthe poivrée de la vallée de l’Isère
  • gingembre confit local
  • et même infusion de poivre Timut venu… du marché de Valence

Chaque recette est documentée, les retours des dégustateurs sont pris en compte, et rien n’est vraiment figé : “Ce sont nos clients qui décident quelle cuvée mérite de devenir saisonnière !”, explique le brasseur lors de la dernière “Soirée Bière Nouvelle”. Un modèle participatif, salué dans le webzine Bières & Papilles (avril 2023).

Comment une brasserie se démarque-t-elle vraiment ? Anatomie d’une recette originale réussie

On entend (presque) tout et son contraire sur ce qui fait l’originalité d’une bière. Mais quels sont les véritables critères qui permettent à une brasserie de sortir du lot, au-delà du simple “effet nouveauté” ?

  • Le sourcing local et la valorisation du terroir : utiliser de l’orge drômois, des épices glanées à côté ou du pain recyclé de boulangeries Valentinoises change vraiment l’équation. C’est aussi un vrai défi face à la concurrence des malts et houblons étrangers.
  • L’utilisation d’ingrédients rares ou inattendus, maîtrisée et non “gadgétisée” : on ne cherche pas à faire une bière étrange par principe, mais bien à créer un mariage cohérent (fruits, herbes, produits fermiers…).
  • Approche collaborative ou expérimentale : faire appel à des collectifs de brasseurs amateurs, des clients “testeurs”, partager des brassins lors d’événements grand public et tenir compte des avis.
  • Transparence et pédagogie : expliquer la démarche, ouvrir les portes, proposer des visites ludiques… parce qu’une bonne histoire derrière la bière, ça compte aussi !

Certains vont même jusqu’à organiser des “safaris brassicoles”, manière décalée de faire découvrir le processus et les innovations. À Valence, c’est chez Hop&Co ou la Brasserie des Remparts que cela se tente (source : Programme Drôme Tourisme 2024).

L’originalité à la Valentinoise, ce n’est pas que dans le verre

Si la recette compte, l’expérience aussi. À Valence, les brasseries artisanales rivalisent d’idées pour sortir la bière de son cadre traditionnel.

  • Dégustations en balade urbaine : comme lors des “Rando-Mousses” organisées par plusieurs microbrasseries, qui mêlent sentiers, anecdotes historiques et arrêts savourés.
  • “Tap Takeover” locaux : des bars et cavistes laissent leurs tireuses en mode “100% drômois” une fois par mois pour promouvoir la créativité régionale.
  • Marchés fermiers et éphémères brassicoles : des occasions de goûter des brassins d’un jour et d’échanger en direct avec les brasseurs, tenues tachées et sourire garanti.

Et on voit émerger une nouvelle génération de brasseurs, souvent trentenaires, investis autant dans l’artisanat que dans l’écologie ou l’événementiel local, qui font le pont entre tradition, invention et transmission.

Anecdotes et chiffres à retenir sur la créativité brassicole valentinoise

  • La Pineapple IPA valentinoise : première du genre produite par une brasserie drômoise en 2022, elle a nécessité plus de 120 kilos d’ananas frais travaillés à la main, soit une journée entière de découpe participative !
  • La Bière des Remparts affiche une rotation de 15 recettes différentes chaque année (!), dont 7 sont fréquemment renouvelées en raison de la demande (source : fiche technique brasserie 2023).
  • 35% des brasseries artisanales de la Drôme travaillent désormais en bio ou sont en reconversion (source : Observatoire Régional de l’Agroalimentaire, mai 2024).
  • Des collaborations naissent régulièrement entre brasseurs et vignerons, donnant lieu à des “bières de vendange”, hybrides entre blanche acidulée et relève de raisins muscat (initiative inaugurée à Valence en 2023).

Pour aller plus loin : ouverture sur les tendances et l’avenir

Qu’attendre des prochaines années ? Le mouvement d’expérimentation ne semble pas près de s’essouffler. Les “SMASH beers” (single malt, single hop), les bières vieillies en barriques de Côtes du Rhône, les parfums floraux ou exotiques adaptés au climat méridional ont le vent en poupe.

De plus en plus de brasseries valorisent l’économie circulaire en récupérant le pain ou les résidus de céréales pour de nouveaux brassins, ou en s’associant avec des artisans locaux (bouchers, apiculteurs, chocolatiers…). Ce qui était rare il y a encore 5 ans devient la norme : l’originalité n’est plus qu’une signature, elle est le moteur du paysage brassicole drômois.

Envie d’oser un brassin inédit ? Il ne reste qu’à arpenter les rues de Valence pour le découvrir par soi-même – ou à pousser la porte de l’un de ces établissements qui donnent à la bière artisanale sa petite touche de folie locale… avant de trinquer à la prochaine surprise.

Sources : Brasseurs de France, CCI Drôme, Le Dauphiné Libéré, Drôme Tourisme, Bières & Papilles, Observatoire régional de l’agroalimentaire, fiches techniques brasseries locales.

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