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Brasseurs de proximité : la passion des circuits courts à Valence décryptée

30/08/2025

Un mouvement brassicole enraciné dans le local

Impossible de faire un tour à Valence ou dans ses alentours sans croiser la route d’une microbrasserie passionnée. Depuis quelques années, notre territoire vit une véritable effervescence brassicole. Selon l’association Brasseurs de France, la Drôme comptait déjà près de 30 brasseries indépendantes en 2023, un nombre qui n’a de cesse de croître. Mais plus marquant encore : localement, l’immense majorité mise sur les circuits courts – derrière cette expression, il se cache beaucoup plus qu’un simple effet de mode.

À moins de 100 kilomètres à la ronde, il est aujourd’hui possible pour une brasserie valentinoise de remplir ses cuves avec de l’eau du Vercors, d’acheter son malt à un malteur drômois, de privilégier des houblons ardéchois ou isérois, puis de livrer ses bouteilles à vélo à des caves, bars ou restaurateurs locaux ! Ce n’est pas un fantasme mais bel et bien une réalité dans la plupart de nos microbrasseries.

Pourquoi les circuits courts séduisent-ils autant les brasseurs locaux ?

À Valence, les motivations derrière le choix des circuits courts sont multiples. Voici les principales raisons qui poussent les brasseurs drômois à recourir à cette logique vertueuse :

  • Préserver le goût du terroir : Les ingrédients de proximité garantissent une fraîcheur et une authenticité qu’on retrouve dans la diversité des bières locales.
  • Réduire l’empreinte écologique : Adopter un approvisionnement local, c’est diminuer les transports et ainsi les émissions de CO2.
  • Soutenir l’économie régionale : Les brasseries s’inscrivent dans une dynamique de collaboration avec des agriculteurs, malteurs, houblonniers et autres artisans locaux.
  • Créer du lien social : Proximité rime ici avec partage, synergies et esprit de communauté, loin du modèle industriel anonyme.

Le terroir brassicole drômois à l’honneur

Si la Drôme et la région Auvergne-Rhône-Alpes comptent autant de microbrasseries, ce n’est pas un hasard. La terre y est généreuse, le climat propice à la culture du houblon et de l’orge, et le tissu agricole dense. On recense aujourd’hui cinq malteries artisanales dans la région, dont la célèbre Malterie du Vercors qui fournit aussi bien des brasseries bio que conventionnelles (source : Malterie du Vercors).

  • L’eau – l’ingrédient secret du pays : Plusieurs brasseurs locaux, à l’instar de la Brasserie La Valentinoise, vantent la pureté de l’eau du Vercors pour élaborer leurs bières.
  • Le malt « made in Drôme » : Selon la Chambre d’Agriculture de la Drôme, le département produit plus de 5 000 tonnes d’orge brassicole chaque année, dont une part croissante destinée à la transformation locale.
  • Le houblon du cru : La Drôme, l’Isère et l’Ardèche voient fleurir de petites houblonnières. Entre 2018 et 2023, le nombre d’hectares consacrés au houblon a été multiplié par quatre dans la région (source : Houblons de France).

Cette proximité des matières premières favorise une plus grande traçabilité, ce qui rejaillit sur la qualité… et la fierté du verre dégusté !

Les circuits courts : une réponse concrète à la crise écologique

Dans une filière où les échanges mondiaux dominent (FranceAgriMer estimait en 2022 que plus de 40 % du houblon consommé était importé d’Allemagne ou des États-Unis), le choix du local a de vraies conséquences environnementales. Comparons :

Approvisionnement Trajet moyen Émissions CO2 (kg/hl)
Import Allemagne 800 km 26
Houblon local (Drôme) 40 km 1,5

(source : Estimateurs ADEME, calculs Bulles Valentinoises)

La réduction de transport est évidente. Les brasseries comme la Brasserie Mathéysine ou La Grihète affichent leurs choix d’itinérance réduite comme un acte militant. Le développement du vrac, la mutualisation des livraisons ou l’usage de consignes renforcent l’impact positif. Chez certains, comme à la brasserie La Drom’Envie à Livron-sur-Drôme, 95 % des ingrédients sont aujourd’hui sourcés dans un rayon de 100 km.

Qualité et identité : la fierté du goût local

Les circuits courts n’apportent pas que des bénéfices écologiques ou économiques : ils sont aussi source de créativité et d’identité pour les bières drômoises. Le brasseur est en lien direct avec l’agriculteur ou le malteur, peut adapter la recette à la spécificité d’un orge ou d’un houblon. Loin du goût « standardisé » des bières industrielles, chaque cuvée exprime alors subtilement le terroir et la saison.

  • Malt biscuité du plateau du Vercors, houblon floral du Diois ou herbacé de Tournon… Les brasseries tentent chaque année de nouvelles créations saisonnières, parfois éphémères, qui n’existeraient pas sans circuits courts.
  • Selon un sondage Ifop de 2022, 68 % des consommateurs de bières artisanales considèrent l’origine locale des ingrédients comme un critère d’achat important : les circuits courts deviennent ainsi un atout commercial.

Et c’est sans oublier la transparence envers le consommateur, friand de ces histoires de terroir et de savoir-faire.

L’économie locale, grande gagnante des circuits courts

Quand un brasseur drômois paye son malt ou son houblon à un producteur local, il fait plus qu’un simple achat : il irrigue tout un écosystème. Selon la Fédération des Brasseurs Indépendants, chaque euro dépensé localement génère jusqu’à 2,5 euros de retombées pour le tissu économique régional (emploi, taxes, sous-traitance).

Le mouvement ne concerne pas que la production :

  • Distribution locale : Dans plus de 70 % des cas, les brasseries valentinoises livrent en direct des cavistes, bars et restaurants du territoire.
  • Événementiel brassicole : Festivals, marchés, ateliers découverte créent de nombreux emplois complémentaires et renforcent l’animation locale. À Valence, le festival « Bières et Saveurs » attire près de 3 000 visiteurs chaque année (2023), générant un fort impact pour les commerçants.

Le tissu brassicole court agit donc comme un levier contre la désertification rurale et pour le dynamisme urbain.

Des circuits courts… jusqu’au verre !

Plus qu’un argument marketing, le circuit court façonne aujourd’hui le quotidien des brasseries drômoises. On le retrouve dans les initiatives originales de consigne mutualisée de bouteilles (un projet fédère une dizaine de brasseries autour de Romans et Valence), dans les collaborations avec des agriculteurs pour tester de nouvelles variétés adaptées au climat local, ou encore dans le recours au vrac pour la vente directe en brasserie.

L’expérience se prolonge lors des dégustations : rien de tel qu’une rencontre avec le brasseur pour saisir la complexité d’une Rousse du Val d’Oule ou d’une Blanche du Diois, et comprendre que chaque ingrédient a poussé « juste à côté ».

La suite s’écrit au fil de la mousse

Loin des grandes routes industrielles, les microbrasseries locales de Valence participent à une redéfinition du goût mais aussi des liens entre producteurs, consommateurs, et territoire. Leur choix assumé du circuit court est à la fois un hommage à la richesse agricole drômoise et un pari sur l’avenir. S’il existe encore des défis logistiques ou de coûts, l’engouement ne faiblit pas, et tend même à inspirer d’autres filières artisanales.

Déguster une bière locale, c’est donc bien plus que trinquer à la fraîcheur de la mousse : c’est vivre – et soutenir – toute une chaîne de passionnés qui font battre le cœur brassicole de Valence. Alors, prêt à ouvrir la porte d’une brasserie du coin lors de votre prochaine balade ?

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