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Nouveaux profils, nouvelles mousses : le dynamisme des jeunes brasseries autour de Valence

22/10/2025

Une nouvelle génération de brasseurs prend la mousse à Valence

Impossible de passer à côté : depuis quelques années, la région de Valence vit un vrai petit bouillonnement brassicole. Les brasseries artisanales y poussent comme des houblons au printemps, portées par des entrepreneurs aussi audacieux qu’engagés. Qui sont-ils ? Que proposent-ils dans nos verres ? Pourquoi la scène locale attire-t-elle autant de regards (et de palais) curieux ? Petit tour d’horizon : de Valence intra-muros aux bourgs voisins, bienvenue au cœur de ce nouveau laboratoire à bières.

Derrière l’étiquette : des profils variés et des parcours atypiques

Les nouveaux venus du brassage valentinois n’ont pas tous le même profil. On retrouve des autodidactes passionnés, des reconvertis de la tech, des ingénieurs, des cuisiniers qui ont troqué la toque pour la spatule de brassage, et même des anciens agriculteurs soucieux de valoriser la production locale.

Le secteur brassicole doit d’ailleurs en partie sa vitalité à ces reconversions, symbole d’une génération en quête de sens. Selon une enquête menée par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 65% des fondateurs de microbrasseries locales étaient en reconversion professionnelle au moment de l’ouverture de leur établissement entre 2020 et 2023.

  • Mickaël Desbons, ancien informaticien, aujourd’hui à la tête de la Brasserie Vent d’Autan (à Montélier), a lancé sa gamme avec seulement 4 recettes en 2021. Il en propose aujourd’hui une douzaine, avec une préférence pour le houblon français.
  • Maëlle Brunet, diplômée d’oenologie, a fait ses classes à Lyon avant de cofonder L’Écho des Bulles à Bourg-lès-Valence. Elle met en avant des bières saisonnières, brassées avec des fruits du terroir.
  • Les frères Chardin, électriciens de formation, derrière la Brasserie des Lônes (Valence), misent sur des bières de soif, des “table beers” légères et accessibles, inspirées de Belgique et des Pays-Bas.

Loin des clichés du brasseur barbu et bourru, ces nouveaux acteurs misent sur la pédagogie, les collaborations et l’ouverture d’esprit.

Quelles sont ces nouvelles brasseries ? Panorama local

Le paysage brassicole valentinois s’est enrichi d’une dizaine d’ouvertures ces cinq dernières années (source : Le Télégramme, 2023). Si l’on exclut les pionniers comme La Valentinoise, focus sur cinq brasseries à connaître absolument si vous aimez l’aventure (gustative)…

  1. Brasserie Vent d’Autan (Montélier) Créée en 2021, elle œuvre en bio uniquement et fournit déjà plusieurs restaurants locaux. Particularité : ses blondes et IPA sont toutes brassées avec des céréales cultivées à moins de 20km.
  2. Brasserie des Lônes (Valence) Sa gamme “River” remet au goût du jour les petites bières à faible degré, compatibles avec les apéros prolongés. Elle propose également une surprenante bière au pain invendu, fruit d’un partenariat avec une boulangerie de Valence.
  3. Les Bulles du Pirou (Saint-Marcel-lès-Valence) L’aventure familiale réunit trois cousins autodidactes, décidés à relancer la culture du houblon en Drôme. Ils expérimentent des Saisons rustiques et des Gose à la lavande.
  4. L’Écho des Bulles (Bourg-lès-Valence) Brasserie résolument tournée vers l’événementiel, elle organise chaque trimestre un marché “bière et fromages” qui attire plus de 400 gourmands en moyenne (source : Dauphiné Libéré).
  5. La Brasserie du Ouaté (Chabeuil) Située aux portes du Vercors, elle multiplie les collaborations avec des producteurs bio pour sortir des bières de saison inédites : sureau, tilleul, foin de prairie… de quoi faire pétiller les terroirs.

Des bières qui racontent le coin : l’essor du “local thinking”

Une tendance forte anime la jeune scène : fabriquer des bières ancrées dans le terroir, sans tomber dans le folklore pour touristes. Les circuits courts ne se limitent plus à l’étiquette : près de 70% des nouveaux brasseurs de Drôme et d’Ardèche travaillent au moins 80% de leurs matières premières avec des partenaires locaux (Source : Chambre d’Agriculture Drôme, 2023).

  • Utilisation de malts issus de la malterie du Trièves, voire parfois maltés directement dans la brasserie.
  • Houblons français privilégiés, dont quelques houblonnières redynamisées près de Tain-l’Hermitage.
  • Fruits, plantes, agrumes et même miel de la région incorporés dans les recettes saisonnières.

L’exemple de la Bière du Verger (Brasserie Vent d’Autan) est parlant : brassée chaque automne avec les pommes d’un verger de Génissieux, elle a reçu le “Coup de cœur du Salon des Saveurs 2023” à Chabeuil pour son nez intense de fruit frais — une prouesse obtenue en utilisant un moût de pomme pressé la veille du brassage.

Initiatives collectives et collaborations : le nouveau visage du secteur

Au-delà des productions individuelles, le brassage local se distingue par une volonté de mutualiser savoir-faire et visibilité. En septembre 2023, six brasseries artisanales de Valence et alentours ont lancé la première édition des Journées de la Bière Locale, avec ateliers, brassins publics et parcours de dégustation dans toute la ville. L’événement a rassemblé plus de 1 200 participants sur deux jours selon le Dauphiné Libéré.

L’association Valence Bières et Saveurs, créée en 2022, favorise le co-brassage : la bière “Bulles Communes”, brassée à quatre mains chaque année par deux équipes différentes, est servie uniquement lors d’événements spéciaux. Cette approche coopérative favorise échanges de techniques, mutualisation du matériel (torréfacteur, embouteillage) et permet d’intégrer rapidement les nouveaux venus.

  • Le collectif participe à des actions de sensibilisation autour du métier de brasseur avec la Chambre des Métiers.
  • Organisation de soirées “Rencontre ta brasseuse/ton brasseur” pour démocratiser la dégustation et lever les freins à l’initiation.
  • Partage de ressources : formation sur la qualité microbiologique, achats groupés de houblons, etc.

Des bières pour tous : entre démocratisation et expérimentation

L’innovation n’est jamais un but en soi, mais la curiosité règne. Plusieurs brasseries misent sur des recettes accessibles tout en réservant une partie de leur production aux expérimentations, parfois déjantées. La Brasserie des Lônes a, par exemple, lancé une “micro-micro” batch de Gueuze revisitée en pleine canicule de 2023, mêlant abricot sec de la vallée de la Drôme et citron du sud Ardèche — quelques dizaines de litres seulement, partis en une journée lors de la fête de quartier du Polygone.

Pour répondre à une demande croissante (et à la chaleur estivale…), le créneau des bières faibles en alcool explose : table beers, micro IPA, Berliner Weisse revisitée, sans oublier les sodas houblonnés, apparaissent désormais dans toutes les caves à bières du centre-ville.

Le souci de pédagogie transpire dans l’accueil des novices : visites, ateliers accord bières-fromages, passports de dégustation, et même la création d’un podcast mensuel “Les Mousses Valentinois” animé par plusieurs brasseurs locaux font partie des nouvelles façons d’amener la bière au plus près de tous.

Perspectives & enjeux : une scène en mouvement

Aujourd’hui, la Drôme comptait, selon l’INSEE et le site Bière Mag, 31 brasseries artisanales en 2023, contre 17 en 2018 — soit presque un doublement en cinq ans, des chiffres qui traduisent l’ébullition locale.

Les défis restent nombreux : accès au marché, gestion de l’écologie en brasserie (notamment la réutilisation des drêches, thématique explorée par la Brasserie du Ouaté avec des maraîchers alentour), recrutement ou encore formation.

Le point commun de tous ces nouveaux acteurs réside dans une volonté d’ancrage mais aussi d’ouverture. Leur réussite repose autant sur la qualité du produit que sur la capacité à raconter une histoire vraie, à fédérer une communauté locale, et à participer au rayonnement du territoire.

La richesse du brassage valentinois n’a jamais été aussi foisonnante, portée par des personnalités chaleureuses et un désir de partage. Une invitation à franchir la porte de ces brasseries : pour rencontrer celles et ceux qui écrivent, à chaque brassin, un peu de l’identité drômoise en bouteille.

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