Blondes, brunes, bières rustiques : quels styles dominaient vraiment à Valence ?
Loin des IPA modernes ou des goses acidulées, le passé brassicole valentinois s’organise autour de styles simples mais robustes.
Les blondes de fermentation basse
Sous l’influence d’Alsaciens ou de brasseurs de passage, nombre de brasseries valentinois du XIXe adoptaient la fermentation basse (à températures fraîches, grâce à des caves ou de la glace hivernale). Les « blondes légères » obtenues ressemblaient à des lagers sans la finesse industrielle actuelle : trouble, pain frais, un houblon discret.
- Taux d’alcool modéré (3 % à 4,5 %)
- Assez peu amères, car le houblon local restait rare
- Un malt dominant, parfois légèrement caramélisé
Les « brunes russes » et bières foncées
Moins connue, la tradition (modeste) des « bières de type russe » à Valence est attestée dans plusieurs annonces et publicités d’époque : il s’agissait de bières brunes, proches des stouts ou porters légers, nourrissantes et disponibles l’hiver dans les cafés proches de la gare ou du centre. Leur recette
variait, mais elles offraient :
- Une robe sombre, tirant sur l'acajou et le brun profond
- Des saveurs de céréales grillées et de caramel
- Un taux d’alcool plus élevé que les blondes (4,5-5,5 %)
La proximité des voies ferrées encourageait les échanges de recettes et de malts venus de Lyon ou Marseille (
cité dans « Bières, brassage et brasseurs en Drôme-Ardèche » de F. Chapelle).
Quelques bières atypiques : saison, garde, et cie
Moins diffuses mais attestées : des bières de « garde » (stockées en fûts plusieurs mois) s’imposaient dans quelques brasseries de la campagne valentinois, héritières directes des traditions de Savoie et du Dauphiné.
Elles accompagnaient les fêtes (kermesses, baillargeades, passage des compagnons du tour de France) et possédaient les caractéristiques suivantes :
- Une plus forte carbonatation (effervescence « sautillante » signale un visiteur suisse en 1892)
- Des notes fruitées en raison du développement de certaines levures sauvages
- De l’orge et parfois du seigle local dans la recette, selon les stocks agricoles