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Bière locale, actrices locales : Les nouveaux brasseurs de Valence à l’heure du circuit court

15/11/2025

Un vent de fraîcheur souffle sur la bière valentinoise

Valence, autrefois bien sage sur la scène brassicole, voit éclore depuis quelques années toute une génération de brasseurs à la fibre écolo, épicurienne, et… radicalement locale ! Au détour d’une ruelle pavée, sur les rives du Rhône ou dans les faubourgs fourmillants, les néobrasseurs valentinois n’ont plus envie de jouer solo dans leur coin : ce qu’ils cherchent, c’est tisser une toile de saveurs vraiment enracinées. Leur top priorité ? Le circuit court, ce fameux chemin de traverse qui promet moins de kilomètres entre le champ d’orge et la chope.

Mais de quoi parle-t-on au juste quand il s’agit de « circuit court » dans la bière ? Est-ce une mode, une utopie de bobos barbus, ou une (r)évolution sérieuse qui change notre façon de boire – et de penser – la bière ? Plongeons dans les brassins valentinois pour le comprendre.

Le circuit court dans la bière : derrière le mot, une promesse

Avant de parler du local à la sauce valentinoise, petit décryptage express du circuit court à la papa (ou à la brasseur !). Le circuit court, c’est avant tout une histoire de distance raccourcie entre celui qui produit et celui qui consomme, mais derrière la géographie se cachent l’éthique, l’engagement, et la préservation du terroir. Selon l’INSEE, circuit court, c’est « vendre avec au maximum un seul intermédiaire » — mais dans la bière, cela va bien au-delà du simple trajet.

  • Malt : Est-il français, régional, ou… encore mieux, issu de la Drôme ?
  • Houblon : Vient-il du lointain Pacifique, ou a-t-il poussé sous nos platanes ?
  • Distribution : Le client passe-t-il direct chez le brasseur, ou via une coop locale ?

La bière “circuit court” n’a, en somme, rien d’un touriste invétéré : elle pousse, mousse et finit (presque) tout son parcours dans le giron valentinois ou drômois.

Les brasseurs valentinois qui jouent la carte ultra-locale

Impossible de parler circuit court sans dépasser le simple argument marketing. Plusieurs brasseries de Valence prennent ce principe à bras-le-corps, non par effet de mode, mais par conviction profonde.

Des céréales de la Drôme pour l’orge de la bière

Depuis trois ans, la Drôme est en effervescence : le nombre de fermes cultivant de l’orge brassicole sur le département ne cesse de croître (source : , collectif régional). La malterie Soufflet à Chabeuil, par exemple, transforme désormais plusieurs centaines de tonnes d’orge engagé dans des logiques durables.

Pour les brasseurs, c’est une aubaine : la Brasserie de l’Olive (quartier Valence Sud) travaille à 80% avec du malt local. La Brasserie des Trois Becs (située à mi-chemin entre Crest et Valence), elle, tente même l’expérience de cultiver son propre houblon en bord de Drôme, récoltant tout juste de quoi amériser sa cuvée éphémère annuelle.

Le houblon, l’eldorado (encore balbutiant) de Valence

On aurait pu croire que la Drôme, avec ses champs de lavande à perte de vue, n’était pas la terre promise du houblon… Et pourtant ! Depuis cinq ans, une poignée d’agriculteurs se lancent dans l’aventure (Source : , 2023). Sur la ferme des Châtaigniers, on bichonne désormais quelques variétés de houblons adaptés à notre climat méridional – en bio, s’il vous plaît.

  • Moins de 10% des brasseries drômoises utilisent 100% de houblons locaux, selon l’Association des Brasseurs Auvergne-Rhône-Alpes
  • Mais la tendance s’accélère : +150% de surfaces plantées en houblon local en moins de 5 ans, sur la région

Certes, les IPA à la valentinoise semblent parfois moins explosives que leurs cousines américaines, mais… pas question de cloner ! Plutôt miser sur des arômes singuliers : verveine, pin maritime, voire fruits du coin.

Comment fonctionne la logistique du circuit court ?

Chapeau bas à celles et ceux qui bricolent le circuit court dans la Drôme : c’est parfois tout sauf simple. Les nouveaux brasseurs de Valence agissent sur plusieurs fronts :

  1. Acheter en direct aux petits agriculteurs, évitant les grands circuits industriels
  2. Mutualiser des livraisons, par exemple à vélo (merci à l’association ) ou grâce à de petits transporteurs du département
  3. Vente à la brasserie, sur les marchés et AMAP pour privilégier le contact direct avec l’amateur

Côté pratique : une brasserie comme Valence & Mousse distribue 65% de sa production en direct (magasins locaux, restaurants partenaires, ou marchés alimentaires), tandis que la vente en grande surface est volontairement réduite à la portion congrue.

La rémunération des producteurs et le lien humain sont au cœur du projet. « Boire en circuit court, c’est aussi mettre un visage sur son verre », expliquait Lucie, brasseuse indépendante, à en mai 2023.

Changer son rapport à la bière : éthique, pédagogie, et culture

Au-delà de la pure logistique, le circuit court est un formidable levier pour redonner du sens à ce que l’on boit. Les nouveaux brasseurs valentinois multiplient :

  • Des ateliers découverte sur la culture d’orge et de houblon, avec visites de fermes partenaires
  • Des soirées « accords bières & fromages locaux », propulsant les AOP drômoises sur le devant de la scène
  • Des capsules vidéos pour expliquer la chaîne « du champ au verre », relayées sur Instagram et Facebook

Derrière chaque mousse, il s’agit de rappeler qu’on ne boit plus seulement une bière : on célèbre un terroir, un climat, une communauté. Certes, le goût change ; il s’affranchit du standard ultra-lisse, parfois pour le meilleur, parfois pour l’inattendu !

Mention spéciale à la Bièvre édition limitée « Mistral Gagnant », intégrant pour la toute première fois une infusion de plantes bio cueillies sur les sentiers du Vercors – un bel exemple de fierté locale mise en bouteille.

Pourquoi ce choix séduit autant les amateurs… et plus si affinités

Si les brasseurs sont nombreux à s’engager pour du 100% local, c’est aussi parce que la demande ne cesse de grimper. Selon (2023), plus de 72% des consommateurs de bières artisanales déclarent vouloir privilégier les circuits courts lorsqu’ils en ont la possibilité. Même les cavistes de Valence s’y mettent : deux d’entre eux proposent désormais des « paniers découverte » exclusivement composés de bières produites avec au moins deux ingrédients locaux.

  • Moins de transport = moins d’empreinte carbone
  • Goût plus authentique, typicité régionale préservée
  • Appui à l’économie locale (emplois, fermes familiales, agri-bio…)

Résultat ? Des festivals comme les « Bulles en Fête » ou le Marché de Noël version brasseurs connaissent une affluence record, preuve s’il en est que le local titille (et réjouit) les palais et les consciences.

Des initiatives à la pelle, des défis à relever

Loin d’être une promenade de santé, le circuit court dans la bière à Valence doit relever quelques défis :

  • Pénurie de houblon local : l’offre peine encore à suivre la demande des brasseurs.
  • Prix du malt local: il peut grimper de 20 à 40% par rapport au malt industriel d’import, impactant le prix final de la bière (Source : ).
  • Volume et constance : pour sortir une IPA ou une blanche toute l’année, il faut un approvisionnement régulier… pas toujours simple en production locale.
  • Formation : tous les brasseurs n’ont pas accès à l’accompagnement sur le circuit court. La Chambre d’Agriculture Drôme propose tout juste ses premiers ateliers dédiés.

Pour garder le cap, certains font le pari du collectif. C’est le cas du Réseau Brassicole Drôme-Ardèche, qui met en relation agriculteurs, brasseurs et distributeurs afin de garantir qualité, volumes et équité tout au long de la chaîne.

La mutualisation, les commandes groupées et les achats à long terme sont des solutions, mais, soyons honnêtes : le circuit court « parfait » n’existe pas encore… et, après tout, tant mieux ! Car chaque itération, chaque petit pas, pousse à la créativité et au renouveau.

Petite mousse, grande aventure : Ce que l’avenir prépare aux circuits courts valentinois

La révolution douce est en marche. À Valence, les nouveaux brasseurs s’efforcent de transformer l’essai, entre limitations et innovations enthousiasmantes. À l’heure où les consommateurs plébiscitent le retour au local, mais aussi l’originalité et le goût, parier sur le circuit court, c’est (re)donner toute sa saveur à la bière.

Nul doute que les prochaines années verront éclore de nouveaux projets, alliances hybrides entre agriculteurs, brasseurs et artisans du goût. Les expérimentations en malt bio, en houblon aromatique drômois et même en recyclage de matières premières, s’annoncent prometteuses.

Parce qu’au fond, la bière locale – et la Drôme sait y faire – n’est pas qu’une affaire de blason régional ou de carte postale… C’est une histoire de rencontres, d’expérimentations continues, et d’un profond respect pour la terre et ceux qui la font vivre. Santé à la brasserie de demain… et rendez-vous au prochain brassin !

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